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Retour sur 2023 et perspectives - Interview croisé du Président et du Directeur

Efficience, gestion de l’eau, auto-approvisionnement, culture et stratégie d’entreprise, implication et responsabilité : tour d’horizon dans l’univers passionnant de OIKEN avec François Fellay, Directeur général et Philippe Varone, Président du Conseil d’administration.

Sans entrer dans les détails, l’année 2023 est jalonnée de réalisations importantes. L’une d’elles vous tient-elle particulièrement à cœur ?

François Fellay : Des coups de cœur, j’en ai au moins un par jour ! Le programme Efficiences sort du lot parce que j’ai vu l’impact qu’il a eu en 2023 et qu’il s’inscrit dans la durée pour le bénéfice de notre clientèle. Face à des coûts élevés, nous devons proposer un plan de sobriété et, en parallèle, augmenter l’efficacité des outils de production. Si nos clients optimisent leur consommation, leur facture se réduit, nos coûts d’approvisionnement baissent et tout le monde en profite. Comme bon nombre de nos clients sont captifs, il relève de notre responsabilité de leur faire des propositions et de les conseiller en la matière. C’est l’objectif de notre programme Efficiences. Il a été reçu avec succès, par nos équipes et nos clients. On sent une envie d’agir ensemble et cela me réjouit.

Philippe Varone : De mon côté, je choisis la Régionale des Eaux. Le projet n’est pas nouveau, mais avec OIKEN, nous lui avons donné plus d’organisation et de corps en 2023. Nous avons besoin d’une vision multifonctionnelle de l’eau. Aujourd’hui, nous devons prendre soin de chaque goutte qui tombe sur nos bassins versants et nous interroger sur son utilisation : la turbiner, l’utiliser pour l’eau potable, pour de l’irrigation ou pour de l’enneigement. C’est une question d’efficacité certes, mais aussi de solidarité. Nous sommes tous dépendants à un moment ou un autre de cette ressource. Avec les épisodes caniculaires qui s’enchaînent, nous avons pris conscience de la nécessité d’améliorer la gestion de l’eau. Avec la Régionale des Eaux, nous proposons un projet concret et solidaire. Un modèle économique avec des ressources techniques et une vision. Je crois que le rôle de OIKEN est de proposer des solutions concrètes et de réfléchir au bien commun.

« Je crois que le rôle de OIKEN est de proposer des solutions concrètes et de réfléchir au bien commun. »

Philippe Varone

La hausse des tarifs de l’énergie inquiète la population. Les enjeux de cette augmentation dépassent OIKEN et nos frontières, cependant quel message pouvez-vous transmettre à vos clients ?

FF : Les clients recherchent un message simple alors que les facteurs d’influences sont globaux et multiples. Exprimé simplement, la hausse tarifaire pour OIKEN en 2023 correspond à une facture d’approvisionnement en énergie électrique supplémentaire de 50 millions de francs, que la loi nous impose de répercuter sur les tarifs. Cette opération est supervisée et contrôlée par l’ElCom. En 25 ans, depuis que les marchés de l’électricité se sont organisés, il n’y a jamais eu une telle explosion des prix. En ce sens, 2023 nous a poussé à entreprendre avec le conseil d’administration le renforcement de OIKEN face à la volatilité des marchés.

PV : En 2023, OIKEN était vraiment prise entre le marteau et l’enclume, entre le marché et les producteurs. Et je pense que cela a été une opportunité pour rediscuter cette notion de dépendance au marché en renforçant la proximité entre OIKEN et les sociétés de production. Prenons l’exemple d’une commune au pied d’un barrage. Comment comprendre la hausse des tarifs alors qu’on produit de l’électricité sur place ? Il est difficile de comprendre quels sont les mécanismes en jeu. Je pense qu’il est possible de devenir moins dépendants du marché en ayant un auto-approvisionnement plus important grâce à des contacts renforcés avec les communes productrices. Paradoxalement, cette hausse des tarifs a déjà eu des effets positifs : la consommation a baissé et de nouvelles discussions sur notre auto-approvisionnement se sont ouvertes.

OIKEN a fêté ses quatre ans mais comme vous le rappelez sur votre site, ce sont plus de 200 ans d’histoire cumulés, de savoir-faire, de connaissances du terrain. Quelle place occupe cette expérience dans votre culture d’entreprise ?

PV : Pour nous, l’enrichissement a été de rapprocher deux entreprises similaires avec malgré tout deux cultures différentes, bien que nous ne soyons qu’à sept minutes de train l’une de l’autre. Ni Monsieur le directeur, ni moi-même, nous n’imaginions lors de notre première assemblée générale le monde dans lequel nous allions évoluer. Se mettre ensemble, fusionner, c’était un vrai choix, porté par deux régions, par deux équipes. Notre vision commune a tout de suite été de mettre le client au centre et de reléguer l’abonné captif au passé.

FF : C’est intéressant de reprendre le contexte après quatre ans. Avant de révéler le nom de OIKEN, nous avions un slogan : « Ensemble, on est plus forts. » Nous avons dû d’emblée mettre en œuvre ce slogan, tout de suite confrontés à une situation difficile : la crise sanitaire. A peine cette crise passée, nous avons fait face à une explosion des coûts, puis à une période de pénurie énergétique ! Depuis la naissance de OIKEN, nous nous sommes toujours concentrés sur les fondamentaux de notre activité : des réseaux énergétiques résilients et un meilleur service aux clients.

Alors oui, grâce à ces 200 ans d’histoire cumulés, nous possédons des compétences et de l’expérience. Mais pour faire face aux difficultés, il faut aussi forger une culture d’entreprise forte. Et ça n’a rien à voir avec la hiérarchie, l’organisation, les organigrammes, le style de leadership, etc. Il faut se concentrer sur la mobilisation des personnes.

Un exemple parlant pour moi, c’est la Patrouille des glaciers. Aucun supérieur, même à l’armée, ne peut donner l’ordre d’être bienveillant ou serviable. Or dans cet exercice, chaque militaire en fait sa mission et ça se ressent. Chacun comprend le sens de son engagement et est conscient de sa contribution à la réussite du projet.

« Pour faire face aux difficultés, il faut aussi forger une culture d’entreprise forte. »

François Fellay

Vous avez élaboré la future stratégie 2024-2028 pour OIKEN. Quelles en sont les grandes lignes?

PV : Je pense qu’on vit un moment charnière et cette stratégie en est l’expression. Il y a 100 ans, nos tâches se limitaient à fournir l’eau, l’éclairage public et l’électricité. Aujourd’hui, on connecte les réseaux, on traite les données de nos clients. Ce sont des nouveaux métiers, de nouvelles impulsions. Nous sommes au centre des questions de décarbonation, de digitalisation et d’innovation. La proximité avec le monde académique, et notamment le Campus Energypolis, nous fait évoluer dans un écosystème dynamique et très motivant. Mais il ne faut pas oublier que le centre de notre activité, le cœur de la stratégie, c’est la satisfaction des clients. Et ces clients sont aussi les habitants de nos communes, elles-mêmes propriétaires de OIKEN. C’est là que je retrouve le rôle du politique.

FF : Lors de la création de OIKEN, nous avons tout de suite été mobilisés dans l’action. Alors cette année, il était important de réfléchir posément à une stratégie sur le long terme. Près de six cents personnes travaillent pour OIKEN. Il est indispensable qu’entre nos propriétaires, leurs représentants, autour de la table du conseil, entre la direction et tous les collaboratrices et les collaborateurs, que l’on sache où l’on va et cette stratégie y répond. Au niveau opérationnel, c’est important de sentir le conseil d’administration en symbiose avec la direction. Ce conseil est appelé naturellement à se renouveler et nous avons souhaité consolider nos visions stratégiques et surtout le cadre dans lequel nous voulons évoluer. Un cadre de durabilité économique, écologique et sociale. Notre stratégie repose sur quatre axes : la décarbonation thermique (le net zéro en 2050), le développement de la production propre de l’entreprise pour réduire son exposition aux marchés, la fiabilité et la flexibilité des réseaux et la convergence entre eux. On rejoint l’efficience, aux mains du client final, et la boucle est bouclée.

PV : C’est vrai que OIKEN est une jeune entreprise, mais nous n’avons pas attendu dix ans pour revoir notre stratégie. 2023 a été une année mouvementée. Et c’est dans ces moments-là que l’on voit les capitaines de mauvais temps. Je salue le travail qui a été fait entre la direction, le conseil d’administration et les cadres de l’entreprise pour définir un cap, un fil rouge facilement communicable. Nous avons fait cela en mettant le client et le collaborateur au milieu, parce qu’on ne pourra jamais satisfaire nos clients sans une équipe engagée, motivée et inspirée. J’en suis convaincu, nous avons une vision forte pour les quatre à cinq prochaines années.

Les objectifs énergétiques et climatiques de la Suisse pour 2050 représentent un défi important. En tant qu’acteur pionnier et moteur de la transition en Valais, vous croyez que nous y arriverons ?

PV : On peut attendre, se dire que la technologie changera demain, mais je porte mon regard sur ce qu’on fait ici, localement et maintenant. On ne reste pas spectateur, on agit. J’ai confiance car je constate qu’on s’est mis en marche, qu’on a une volonté de bien faire et d’agir. Et OIKEN joue le rôle essentiel de facilitateur pour accompagner, informer les clients et surtout proposer des solutions.

FF : Notre signature est : «Avenir activé». Cela veut dire que nous croyons en l’avenir et en l’action. Aujourd’hui, nous avons une stratégie, des ressources, une vision et un plan qui nous permettent de contribuer activement à l’effort commun. Oui, je suis confiant, je pense vraiment qu’en mobilisant les gens, en leur donnant des outils, en les accompagnant, nous allons atteindre ces objectifs ambitieux.

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